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Interview avec Anaïs, créatrice du compte instagram @byebyepilule

Nous avons souhaité interviewer Anaïs pour mieux connaître son histoire, les raisons qui l’ont poussé à arrêter le pilule, mais aussi celles qui lui ont donné l’envie de créer le compte Bye Bye Pilule qui rassemble aujourd’hui plus de 4000 followers.

Pourquoi as tu décidé d’arrêter la pilule ? Quelles ont été tes motivations ?

J’ai décidé d’arrêter la pilule car elle ne me convenait plus. J’avais les jambes lourdes et une mauvaise circulation sanguine. J’avais beaucoup de troubles de l’humeur, j’étais très morose et ce n’était pas facile à gérer pour mon conjoint.

J’ai essayé de l'arrêter une première fois, ça s’est très mal passé. Je n’ai pas eu mes règles pendant plus d’un an et j’ai eu de l’acné inflammatoire avec la peau grasse perpétuellement. J’avais les cheveux qui tombaient et je devais les laver tous les jours car ils régraissaient très vite. Je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait, je me sentais seule face à ça, j’ai donc repris la pilule.

Cette idée de la reprendre me dérangeai. Je savais que j’allais être un jour amenée à l’arrêter de nouveau pour différentes raisons. J’avais également cette envie de préparer et d’apprendre à connaitre mon corps, malgré les difficultés que j’avais eu la première fois. Alors je me suis dit qu’il fallait que je fonce, que je me renseigne et que j'apprenne à connaitre mon cycle. Surtout pour le jour où j’allais vouloir concevoir un enfant, mon corps devait être prêt, sans aucune hormone de synthèse à l’intérieur.

J’ai pu voir sur ton compte Instagram que tu avais choisi la “technique du sevrage” pour arrêter une nouvelle fois ?

Oui c’est bien ça.

Est ce que c’est un médecin qui te l’a conseillé ? Peux tu m’expliquer en quoi cette technique consiste ?

Alors c’est un sujet un peu compliqué à aborder puisqu’aucune étude scientifique n’a été faite dessus. Donc non ce n’est pas un médecin qui me l’a conseillée.

En fait, le jour où j’ai voulu arrêter de nouveau, la première chose que j’ai faite c’est de prendre rendez-vous avec des gynécologues, des dermatologues, des endocrinologues pour leur dire que je voulais arrêter mais que j’avais peur de retrouver tous les symptômes rencontrés lors de mon premier arrêt : l’acné inflammatoire, les cheveux gras etc. Mais ils n'avaient aucune solution. Ils me disaient que mon corps était fait ainsi et que ces symptômes reviendraient forcément. Alors, je me suis dit que ce n’était pas possible, que je ne devais pas être la seule femme dans ce cas là.

Je me suis donc renseignée sur internet pour voir s’il y avait des femmes avec le même problème que le mien. J’ai alors trouvé des témoignages de femmes dans des situations similaires qui restaient elles aussi sans solution. La seule alternative qui apparaissait était de prendre du Roaccutane, sauf que, le Roaccutane doit être accompagné de la pilule et, je ne me sentais psychologiquement pas prête pour ce traitement qui entraîne beaucoup d’effets secondaires.

J’étais un peu désespérée mais j’ai continué de chercher, et je suis finalement tombée sur le blog d’une femme qui racontait comment elle avait arrêté la pilule. Son histoire était exactement la même que la mienne avec la même première tentative d’arrêt et les mêmes symptômes. Elle avait décidé d’arrêter une seconde fois mais en le faisant progressivement. C’est à dire qu’elle a arrêté petit à petit en coupant ses comprimés.

Le sevrage est un arrêt progressif. Cette technique consiste à prendre les 3/4 de son comprimé les deux premiers mois (à l’aide d’un coupe comprimé) ensuite la moitié les deux mois suivant et le quart les deux autres mois. Le but est de permettre à son corps d’éliminer doucement les hormones synthétiques, de retrouver plus facilement ses cycles et de développer le moins d’acné possible.

Suite à ton sevrage, as tu ressenti des symptômes désagréables ?

Personnellement, j’ai développé très peu d’acné et j’ai retrouvé mes cycles. Mes cycles sont plus longs car je suis atteinte du SOPK (Syndrome des Ovaires Polykystiques), mais au moins ils sont présents alors que lors de mon premier arrêt je n’avais pas de solution à part reprendre la pilule. Le sevrage est apparu comme LA solution car j’avais peur d’arrêter. Me tourner vers des femmes qui ont vécu la même chose m’a aidé et permis de me lancer.

Cela fait combien de temps que tu as arrêté le sevrage ?

J’ai fait 6 mois de sevrage et ça fait maintenant 9 mois que je suis en post sevrage.

Est-ce qu’aujourd’hui, en comparaison à ces années sous pilule contraceptive, tu te sens comme « libérée » ?

Oh oui sur plein de points ! Premièrement avec la pilule j’avais des problèmes de circulation sanguine et en arrêtant mes jambes ont eu un meilleur aspect et elles étaient moins gonflées. Je peux maintenant faire des ballades sans avoir besoin de m’assoir régulièrement. Je suis plus en phase avec mes humeurs et avec mon cycle. Mes émotions sont en phase avec l’évolution de mon cycle. Un autre aspect sur lequel je ne m’étais pas penché c’est la libido. J’étais sous pilule quand ma sexualité a commencé donc je ne savais pas vraiment ce qu’était la libido. Il a fallu que je l’arrête pour réellement savoir ce que c’était, à savoir quelque chose d’évolutif.

Pourquoi as-tu créé le compte « Bye Bye Pilule » sur Instagram ? En quoi cela t’a aidé et est-ce que tu as eu le sentiment d’aider à ton tour ?

À la base je ne pensais pas que ma « petite » histoire parlerait à autant de femmes. Au début j’ai fait ce compte pour me motiver car j’avais très peur. J’avais peur d’arrêter et même de commencer mon sevrage. Alors en partageant mon histoire publiquement ça me permettrait de ne pas craquer si je n’y arrivait pas. Lorsque j’ai créé mon compte « byebye_pilule » j’ai reçu une quarantaine de messages dès le premier jour. Ces femmes se retrouvaient dans mon parcours mais elles n’en parlaient à personne.

Aujourd’hui ce compte permet d’échanger sur les différents moyens de contraception, sur les différentes solutions qui existent pour arrêter la pilule et surtout de se motiver. Il m’a moi même motivée pour aller au bout de mon sevrage et en retour il a servi de repère à de nombreuses femmes.

Quel moyen de contraception utilises-tu aujourd’hui ?

J’ai décidé de commencer la symptothermie. C’est une méthode qui consiste à suivre ses cycles en prenant en compte sa température basale et la texture de sa glaire cervicale.

Il faut savoir que dans un cycle féminin tu as des périodes de fertilité et des périodes d’infertilité. Et ces périodes là peuvent être détectées par des symptômes. Je m’y suis mise à la base pour suivre mon cycle puisque j’ai des difficultés pour avoir mes règles et ça me permettait de me repérer. Cette pratique peut paraitre moyenâgeuse mais aujourd’hui il y a des belles avancées technologiques et surtout des professionnels qui accompagnent avec des formations et un suivi possible. Elle permet de connaitre sa période de fertilité et donc de pouvoir se protéger. Une fois qu’une femme est formée et qu’elle a pratiqué pendant plusieurs cycles (au moins 6 sont nécessaires pour bien les connaître). Cette technique s’utilise pour la contraception mais aussi pour la conception. Elle aide les femmes à connaitre leurs périodes d’ovulation. C’est un investissement personnel et financier : il faut avoir du temps et pouvoir acheter une formation, des accessoires type thermomètre, etc. Mais il faut le voir comme un investissement sur le long terme. J’ai choisi la symptothermie car je voulais une contraception naturelle et c’est celle qui m’est apparue comme une évidence.

 

Interview réalisée par Joséphine Foucher.

 

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